mercredi 13 novembre 2013

Résumé de l'exposé sur les jardins japonais



Il existe des approches très différentes de ces jardins, certaines fondées sur des rituels traditionnels comme la cérémonie du thé, d’autres plus spirituelles conduisant à la contemplation.
Le jardin japonais naît au 8ème siècle, très largement inspiré du jardin chinois beaucoup plus ancien. C'est un lieu chargé de symboles. Il fait appel à des formes esthétiques dépouillées et très ordonnées ainsi qu’aux sons produits par l’eau et le vent.
Les jardins zen apparus plus tard, sont d’un autre style très épuré dont certains paysagistes contemporains s’inspirent dans leurs créations modernes. Ils ont l’avantage d’occuper peu d’espace et d’être relativement simples dans la conception.



 Lanterne japonaise –Photo E.D

1- Quelques traits caractéristiques


Un jardin clos avec une superficie souvent réduite mais un assemblage qui donne l’impression d’un grand espace (les limites sont camouflées, jeux de perspectives) et d’une imitation de la nature idéalisée (montagne, vallons, ruisseaux…)
Pas de symétrie mais une asymétrie équilibrée :
            - Une disposition précise des objets pour inciter le regard à aller d'un  point intéressant au suivant : plantes, rochers, statues, pavillon…
            - Des plantes aux formes, textures et tailles variées
            - Un contraste entre rugueux et lisse, vertical et horizontal, doux et dur
            - Une saisie du mouvement par des tourbillons du dallage, des monticules plantés.
Un jardin qui souligne le caractère éphémère de la nature : tableaux changeants avec la succession des floraisons et la coloration des feuillages.
Un espace destiné à la contemplation plus qu’au jardinage et aux loisirs :
des allées sinueuses, guidées par des pas japonais, des vues changeantes qui invitent à la concentration et à la méditation, du son (eau, vent dans les feuillages…)
 
 

2- Les mariages de feuillages


La juxtaposition de feuillages décoratifs permet de créer une scène apaisante grâce à l’absence de teintes vives. Les nuances de vert et de gris sont d’une infinie richesse qu’il convient de combiner à des différences de texture parmi les feuillages. Quelques conifères pour lesquels les jardiniers japonais sont passés maîtres dans l’art de les tailler en nuage, ajoutent leur forme insolite dans le décor. Les colorations automnales des feuillus (érables, Prunus…) sont tout aussi importantes pour signifier le cours des saisons.


 Jardin japonais de Compans-Carafelli (Toulouse)-Photo ED
 

Les bambous
Les bambous sont souvent présents dans les jardins japonais car leurs tiges géantes et régulières invitent le regard à s’élever vers le ciel. Le feuillage persistant anime le jardin à la moindre brise tout en faisant apparaître des jeux de lumière.
La couleur des cannes de bambou varie du jaune paille au pourpre en passant par le noir ébène ou le vert. Certaines présentent des stries vertes et jaunes comme Phyllostachys aureosulcata ‘Spectabilis’. Leur taille varie selon les cultivars de moins de 1 m comme le Pleioblastus, à plus de 5 m chez les Phyllostachys.
Les bambous apprécient des sols frais ou humides mais ils résistent bien à la sécheresse.
Les espèces cespiteuses sont moins envahissantes. Sinon contrôlez l’expansion des bambous grâce à des barrières racinaires enfoncées à 30 cm de profondeur.
Les bambous ne sont pas uniquement utilisés en tant que végétal, ils servent aussi à la confection de mobiliers comme des fontaines, des mobiles, des claustras.
Phyllostachys sulphurea- Photo ED
 

 

3- Le fleurissement d’un jardin japonais


Si les feuillages sombres constituent la toile de fond, les couleurs vives n’en sont pas moins présentes, distribuées par taches. Les azalées, les rhododendrons et les camélias sont les végétaux les plus représentatifs de ces jardins.
Mais n’oubliez pas les couleurs tendres des cerisiers, des amandiers à fleurs, des magnolias qui sont illustrés dans les estampes japonaises. Les variétés de formes, pleureuse chez Prunus ‘Accolade’, colonnaire chez Prunus serrulata ‘Amanogawa’ s’ajoutent au charme de leur floraison. Les écorces rouge cuivré des Prunus, présentent en outre des stries horizontales, particulièrement décoratives chez Prunus serrula.
Parmi les vivaces, les parterres de primevères japonaises (Primula japonica) colorent avec faste les sous-bois humides, les fleurs toutes simples des anémones du Japon assurent la floraison jusqu’à l’automne.

 Mariage harmonieux associant les floraisons d’un magnolia taillé en nuage au 1er plan, de pommiers à fleurs  roses et blancs, d’azalées, de camélias, et de spirées de printemps au sein d’une ambiance verdoyante générée par les bambous , l’érable japonais, les conifères (if, cèdre, Chamaecyparis obtusa, Cryptomeria), les haies de fusains du Japon, etc. –Photo E.D du Parc d'Albert Kahn à Boulogne-Billancourt

 

4- Des plantes structurées


4.1 Les plantes étalées


Les arbustes à la ramure horizontale sont particulièrement appréciés pour s’opposer aux formes dressées vers le ciel comme celle des bambous. Elles incitent à promener le regard tout autour. On retrouve ces lignes dans les toits des pagodes. Le jardinier japonais renforce cet aspect en pratiquant la taille en nuage notamment sur les pins et génévriers.
Ce port est particulièrement élégant chez le Cornus controversa ‘Variegata’ qui peut atteindre 15 m en tout sens. Son feuillage panaché éclaire un coin de jardin planté de rhododendrons et de camélias. Cornus kousa est encore plus spectaculaire lorsqu’il déploie sa floraison blanche en mai. Parmi les viornes et hortensias, retenez le Viburnum plicatum ‘Mariesii’ et l’Hydrangea macrophylla ‘Veitchii’ pour leurs inflorescences plates semblables à de la dentelle.
 
L’Hamamelis est aussi intéressant pour sa floraison hivernale jaune d’or et très parfumée. Ses branches grêles horizontales encore nues se couvrent d’une multitude de fleurs chiffonnées.

4.2 La taille en nuage


 
Pin taillé en nuage –Photos E.D
 
L’objectif de cette taille est de laisser passer le regard, d’accroître la perspective et d’évoquer un vieil arbre aux formes intéressantes.
Le principe consiste à mettre en valeur l’architecture du tronc et des branches maîtresses de l’arbre ou de l’arbuste, de conserver les proportions et la forme choisie. Il s’agit de mettre à nu les branches maîtresses en ne gardant que des bouquets de feuillage en extrémité. La taille doit conserver un équilibre entre les dimensions du végétal et le volume de son feuillage. Les amas de verdure sont eux-mêmes taillés de façon à donner à l’ensemble une silhouette étagée.
Chez les pins (symboles de longévité), pratiquez cette taille dès leur plus jeune âge. On choisira des sujets intéressants par l’aspect tortueux du tronc et des branches.
S’initier à la « taille en nuage »
Pour débuter cet art, choisissez un arbuste type génévrier horizontal (Juniperus X media ‘Pfitzeriana’). Ce petit conifère est souvent planté pour garnir une rocaille mais il finit souvent par occuper un peu trop de place au sol. Au lieu de l’arracher, rendez-le attractif en supprimant toutes les branches de la base de façon à dégager la silhouette des troncs. Le feuillage moutonnant qui réside au-dessus peut rester tel quel ou subir une taille fine en touffes éparses.

 5- Le minéral

 

 

Jardin zen de Toulouse- Photo ED
Certains rochers sont mis en scène dans les jardins japonais pour symboliser une montagne qui mène au sanctuaire. Leur disposition doit paraître naturelle même si des règles bien précises existent quant à l’orientation et la couleur que nous n‘évoqueront pas ici.
Un arrangement ordonné de galets apparaît souvent dans les jardins zen. Ils peuvent évoquer une rivière, ponctuée çà et là de quelques gros rochers. Le sol peut être recouvert de gravillons blancs soigneusement ratissés de façon à dessiner des stries ou des spirales. Ces aménagements sobres délimitent des zones vides d’où se dégage une atmosphère apaisante.
Les pas japonais en pierre ou en bois, largement employés dans nos jardins occidentaux, trouvent aussi leur origine dans le parc oriental. Les pierres plates, disposées au sein d’un gazon ou parmi une couverture minérale (galets, graviers…).mènent le promeneur vers un lieu précis, anciennement le pavillon de thé.
 

6- Le son


Se laisser bercer par le murmure de l’eau invite à la rêverie, pour certains à la méditation. Un simple filet d’eau peut suffire. Par un système de balancier, les fontaines japonaises (sozu) sont animées d’un mouvement périodique. Elles scandent les lieux intimes du son des bambous qui s’entrechoquent. Une petite pompe suffit à les activer.
Le son est aussi produit par le balancement des rameaux souples des arbres pleureurs ou des chaumes des bambous.
 

"Sozu" destiné à effrayer le gibier par le son produit- Photo ED du Jardin de Quercy à Verfeil sur Seye